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Olive et Sardine
8 mai 2011

MIGRECIONS A PATRAS

Du ferry nous avons débarqué à Patras puis la ville comme un aimant a été le point de chute de nos errances sans que nous l’ayons voulu. Un coup nous prenons le bateau de retour trop tard et nous sommes obligés de rester, l’autre le ferry convoité n’existe pas, et un retour au point de départ s’impose comme l’idée que Patras devient notre cité dortoir.

 

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Pour la première fois, nous ne respectons pas l’ordre chronologique dans le blog. Pourquoi ? Parce qu’on n’avait rien à dire sur Patras tout simplement. Non que la ville soit particulièrement laide ou désagréable mais après trois mois à naviguer dans des coins fabuleux aux charmes uniques, on peut faire sa fine bouche et nous n’avions pas envie d’écrire quoi que ce fût sur Patras. Un château, des églises richement ornées, des quartiers sympas qu’on détruit, décidément, cette ville n'aurait même pas de quoi faire jacasser un Papé, nous disions-nous.

 

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Et puis, le hasard aidant, les rencontres, les évènements vécus en Grèce nous ont rappelé que ce sont parfois les découvertes les plus inattendues qui forment les souvenirs les plus vivaces et c’est bien à ce genre de choses que nous avons été confrontés à Patras. Un voyageur n’est sûrement pas destiné à voir que le beau mais il peut choisir de l’ignorer ou de ne pas en rendre compte. C’est d’ailleurs ce que nous avions décidé de faire dans un premier temps et comme vous le verrez, aucune photo ne correspond à notre récit.

 

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A peine débarqués, sacs au dos et mines réjouies, nous avancions le long du port en quête d’un plan, de la ville ou de logement, quel qu’il soit du moment qu’il nous déchargeait de notre poids. Nos regards cependant se tournaient bientôt inlassablement vers ces autres voyageurs aux vêtements passés et à la barbe hirsute qui guettaient un passage vers les ferries. Des migrants ! Comme nous mais si peu et pourtant si nombreux qu’on aurait dit une petite ville. Les grecs semblaient ne pas les remarquer. Nous quittons Patras avec ces images en tête, comme une ombre légère voilant l’enveloppant soleil du Péloponnèse.

Bizarrement, c’est quand ils furent les plus loin, à la fin de notre périple grec, quand nos plans déjà prenaient la forme des pyramides, que ces êtres au teint mat et au menton fier devinrent des personnes de chair et de sang avec tout le fatras d’espoirs et de déceptions qui va avec.

Des déceptions, nous en aurons nous aussi quand dans les rues d’Athènes, cette ville qui inventa la philosophie et éleva la connaissance au rang d’attribut quasi-divin, nous croiserons des hommes, la mâchoire affreusement close, déambulant drapeaux noirs levés et gourdins à la main, pour défendre paraît-il… De quoi et qui donc ? La question aurait pu rester en suspens si nous n’avions vu, de nos yeux vus, ces hommes hurler, rageurs et haineux, sur une grande place, en plein jour, sur toutes personnes qui leur paraissaient étrangères. Hurler ? Et poursuivre ! Les bras en l’air, comme pour impressionner une bête sauvage, la gueule gâtée par un souffle nerveux. Vous nous direz qu’on en fait trop. C’est certainement vrai mais jamais de notre vie nous n’avons scène plus choquante.

 

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Ces râles, cette face rongée de colère nous racontaient d’un coup plus sur ces hommes du port de Patras que la plus érudite des conférences de la Sorbonne et notre imagination sûrement trop prompte et certainement aussi trop féconde donnait alors consistance à ces automates qui montaient et descendaient incessamment les clôtures de leur Eden.

Mais nous nous trompions. Encore. Parce que nous attribuions un destin commun à tous ces hommes, oubliant que chaque face abrite un individu aux vécus et desseins spécifiques et uniques. Le hasard, encore lui, nous conduisit à Ahmet. Même s’il nous confirma les bagarres régulières, pour se défendre, l’horreur de la traversée clandestine en ferry après laquelle ses jambes ne pouvaient plus le porter, il nous raconta Paris également, les yeux pétillants, et tout au long de son récit, il aura gardé sa voix douce et son sourire plein de vie.

 PS : Si vous trouvez qu'on a exagéré sur les agrs de la place, c'est que vous n'avez pas vu la scène. Bientôt, faudra mettre une armure comme celle ci-dessous pour circuler dans les rues...

 

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