LE CHOTT EL JERID
A Tozeur, le chott (désert de sel) est indiqué sur toutes les devantures d’agences de tourisme, il est tout proche sur les cartes, mais il est bien trop loin, nous dit-on, pour y aller à pied : il faut louer une voiture une journée au moins, mieux, un 4X4 et prendre un guide, c’est plus intéressant. Banzaï ! On est des fous, on a fait les 10 Kms aller-retour des oasis de montagne et le chott, on l’atteindra, surtout que la veille, Samir nous a initié à la cartomancie berbère et a chassé tous les mauvais esprits grâce au jus de palme fermenté et au rite du chèche. Dans l’enthousiasme de ses racines retrouvées, il nous a même dit qu’il partait de temps en temps dans le chott en traversant la palmeraie. Ni une, ni deux, on décidait qu’on suivrait la voie berbère, comme les nomades, les vrais, ceux qui en ont.
On est fin prêts le lendemain, notre petit sac dans le dos et nous traversons l’immense palmeraie de Tozeur qui se trouve être la plus belle que nous ayons franchie depuis le début de notre voyage. Le pas léger, nous nous rendons compte une heure et demi plus tard, en quittant les ombrageux palmiers, qu’on a bien pensé au petit sac mais que l’eau est restée au camping. Tant pis ! Nous continuerons, même avec 35° à l’ombre. Bientôt, d’ailleurs, nous sentons nos pas s’embourber dans une boue croûtée de sel et voyons les reflets du chott, là-bas, pas si loin : notre marche, alors est autant décidée que notre gorge est sèche et ce petit jeu dure au moins une demi-heure mais la dune en face qui marque, pense-t-on, la moitié du chemin, la dune donc, ne se laisse pas approcher facilement et au bout du compte, après 10 minutes d’efforts déshydratés supplémentaires, nous nous disons que le chott, c’est aussi cette boue, que nous y sommes, qu’on se le dise, on peut bien rebrousser chemin désormais, et nous rentrons au camping, non sans l’aide d’un taxi providentiel qui eut plus d’effet sur les chiens que la branche de palmier d’Olive.
Nos plus belles photos seront prises du bus le jour suivant.