LES AURES
Loin, très loin, semble l’horizon dans les Aurès. Le regard divague et s’accroche dans les canyons, les striures, la neige ou les alpages, il remonte les vallées, descend dans les plaines : il se perd sur l’arrière, revient vers l’avant sans jamais saisir tous les plans. On ne fixe pas l’horizon dans les Aurès : on regarde la terre rouge comme un soleil au crépuscule, le sable blanc comme un défi à la lumière, le regard erre dans le ciel, s’égare dans les nuages et il oublie la crête, au loin, trop loin.
Dans cette contrée vivent les derniers chaoui, rude peuple berbère à la langue aride et économe. Ils ne sont plus beaucoup car l’existence là-haut requiert une rudesse d’un autre temps. Leurs corps secs et fourbus s’affaissent sous le poids du travail, leurs gestes sont identiques à ceux de leurs aïeuls.
Nous reviendrons, sûrement, dans les Aurès, à pied, pour plusieurs jours, le temps de comprendre un peu plus…